ROUMANIE

PROFIL DU CENTRE DU GOUVERNEMENT

[A la date de mai 1998]

Le gouvernement

Organisation et composition
Calendrier des réunions
Fixation de l'ordre du jour
La  préparation des propositions
Adoption et enregistrement des décisions
Mise en oeuvre des décisions

Organes subsidiaires du conseil des ministres

Conclusions

Le gouvernement

Organisation et composition

Le gouvernement en tant qu’organe collégial se compose du Premier ministre, des ministres (ministres d’État, ministres et ministres délégués, attachés au Premier ministre) et des Secrétaires d’État (vice-ministres) qui sont désignés comme membres du gouvernement. D’autres Secrétaires d’État peuvent assister aux réunions du gouvernement à la place du ministre, mais ils ne possèdent pas le droit de vote.

Les réunions gouvernementales sont présidées par le Premier ministre. Conformément à l’Article 87 de la Constitution roumaine, le Président de la Roumanie peut participer aux réunions gouvernementales sur des questions d’intérêt national concernant la politique étrangère, la défense du pays, le respect de l’ordre public et, à la demande du Premier ministre, dans d’autres cas aussi. Le Président assure la présidence des réunions gouvernementales auxquelles il assiste. Toutefois, l’actuel Président n’a pas encore assisté à une de ces réunions.

La participation aux réunions gouvernementales n’est pas limitée au Premier ministre, aux ministres, aux Secrétaires d’État et, le cas échéant, au Président. Participent aussi régulièrement à ces réunions le Secrétaire général du gouvernement, les conseillers du Premier ministre, le directeur et d’autres fonctionnaires de la direction du secrétariat général chargée de l’analyse et du conseil juridique, lesquels prennent acte des délibérations et décisions du gouvernement. D’autres personnes peuvent être invitées aux réunions gouvernementales par le Premier ministre.

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Calendrier des réunions

Des réunions gouvernementales sont prévues tous les jeudis, pour une durée précise de trois heures, entre 10 heures et 13 heures. Un bureau exécutif composé du Premier ministre, des ministres d’État et des ministres de la Justice, de la Défense et de l’Intérieur, a fonctionné pendant quelques temps au début des années 90. Cette structure n’est toutefois plus opérationnelle.

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Fixation de l'ordre du jour

L’ordre du jour définitif des réunions gouvernementales est approuvé par le Premier ministre sur proposition du Secrétaire général du gouvernement. Dans la pratique, l’ordre du jour est établi par le Secrétaire général et il est généralement communiqué au Premier ministre peu de temps avant la tenue de la réunion (généralement deux jours avant).

Des projets d’ordre du jour peuvent être présentés par le Premier ministre, les ministres, le Secrétaire général et, le cas échéant, le Président. Pour pouvoir figurer à l’ordre du jour, les points à examiner doivent être soumis au Secrétaire général au moins une semaine avant la tenue de la réunion gouvernementale. L’ordre du jour est arrêté chaque lundi, lors d’une réunion spéciale à laquelle participent les deux Secrétaires généraux et deux directeurs chargés des questions administratives et juridiques, ainsi que le Secrétaire général du ministère de la Justice et le Secrétaire d’État au ministère des Relations avec le Parlement. L’ordre du jour et les documents de référence nécessaires doivent être transmis aux membres du gouvernement au moins 48 heures avant la réunion. Toutefois, des adjonctions ultérieures à l’ordre du jour ne sont pas rares ; des propositions peuvent aussi être soumises directement à la réunion gouvernementale sans avoir été communiquées à l’avance, pour autant que le Premier ministre, en sa qualité de président, accède à cette demande.

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La préparation des propositions

L’actuelle méthodologie relative à la préparation des actes normatifs a été adoptée par le gouvernement en décembre 1997. Elle définit une procédure d’élaboration des politiques conduisant à une prise de décision collégiale par le gouvernement.

D’après la méthodologie actuelle, c’est au ministère proposant un acte normatif qu’il incombe au premier chef de veiller à ce que les autres ministères et organismes centraux compétents soient dûment consultés. Les ministères devant être systématiquement consultés sont le ministère de la Justice, qui doit confirmer la légalité de tous les projets d’acte normatif, le ministère des Finances, auquel toutes les propositions ayant des incidences financières doivent être soumises, et le Conseil pour la réforme, dont l’avis doit être sollicité sur toutes les questions ayant trait à la restructuration de l’économie et à la réforme des institutions. Les ministères et les autres organismes centraux disposent d’au moins cinq jours pour réagir officiellement aux projets de proposition. Il arrive souvent qu’une première réponse officielle soit suivie de consultations interministérielles complémentaires.

Les projets de proposition sont soumis au Secrétaire général du gouvernement et doivent être accompagnés de comptes rendus des résultats de la coordination interministérielle. Il n’est pas formellement indispensable de parvenir à un consensus interministériel avant de pouvoir soumettre une question au gouvernement ; les ministères de tutelle peuvent insister pour qu’une proposition soit examinée par le gouvernement même en cas de désaccord interministériel.

Après qu’un projet d’acte législatif ait été soumis au Secrétaire général du gouvernement, il est transmis à la direction du secrétariat général chargée de l’analyse et du conseil juridique ainsi qu’au Conseil législatif.

La direction en question est invitée à étudier, entre autres, si la proposition répond aux exigences formelles, si elle est conforme au programme législatif du gouvernement et si elle est compatible avec la législation en vigueur. Elle est également censée présenter des commentaires sur les incidences économiques et financières des actes normatifs proposés ; mais elle ne dispose pas, à l’heure actuelle, de personnel dûment formé pour procéder à cette analyse.

Les attributions du Conseil législatif sont définies dans la loi de novembre 1993 sur l’établissement, l’organisation et le fonctionnement du Conseil législatif et dans la réglementation de février 1996 relative à son organisation et à son fonctionnement. Le Conseil législatif est avant tout un organe consultatif spécialisé du Parlement, mais il joue aussi un rôle important aux stades de l’élaboration des lois par l’exécutif. C’est ainsi que tous les projets d’actes normatifs à soumettre au gouvernement, doivent d’abord être examinés par le Conseil législatif. Il appartient, entre autres, à ce dernier de faire des observations sur la légalité des mesures proposées, leur cohérence interne, leur conformité aux règles reconnues de la technique législative et leur incidence sur la législation en vigueur et sur le système juridique dans son ensemble. Il est obligatoire de solliciter l’avis du Conseil législatif ; toutefois, celui-ci a une fonction consultative et ses avis ne sont pas contraignants pour le gouvernement. Les délais dans lesquels le Conseil législatif doit rendre ses avis sont courts. Ainsi, les projets de loi ordinaires doivent être examinés dans les dix jours, les projets de loi devant être présentés en application de procédures d’urgence dans les deux jours et les ordonnances prises en urgence conformément aux dispositions de l’Article 114, paragraphe 4, de la Constitution roumaine dans les vingt-quatre heures.

Les avis rendus par la direction de l’analyse et du conseil juridique et par le Conseil législatif font partie de la proposition faite au gouvernement.

Dans le cadre des efforts qu’il déploie pour améliorer l’organisation et le fonctionnement de l’administration centrale, l’actuel gouvernement a fait valoir qu’il était déterminé à renforcer les structures et procédures relatives à l’élaboration de ses décisions. Il a notamment souligné la nécessité de déléguer plus de pouvoirs au sein de l’administration publique, d’améliorer la communication et la consultation interministérielles, et de disposer de moyens plus efficaces pour contrer les effets de l’organisation en départements en renforçant les capacités de coordination sectorielle des institutions au centre du gouvernement :

  • délégation de pouvoirs : les travaux de l’administration ministérielle se caractérisent jusqu’ici par une forte centralisation des pouvoirs au sein du gouvernement en tant qu’organe de décision collégial. En conséquence, les possibilités de prise de décision autonome par les ministres sont très limitées. Les initiatives actuelles du gouvernement visent à réaliser un équilibre viable entre la prise de décision collégiale (par le gouvernement) et la responsabilité des différents ministres. Dans le même temps, on a le sentiment que dans les ministères et autres organismes centraux dirigés par des ministres (voir ci-après), la concentration des pouvoirs et des responsabilités au niveau du ministre tend à être excessive. Les fonctionnaires dans les divisions ministérielles semblent souvent réticents à prendre des décisions sous leur propre responsabilité et la circulation de l’information entre la direction politique des ministères et le niveau administratif est jugée insatisfaisante.

  • amélioration de la communication et de la consultation interministérielles : on s’accorde largement à reconnaître au sein du gouvernement que les règles formelles régissant l’élaboration des actes juridiques par l’exécutif doivent être appliquées de façon plus stricte. La consultation et la communication interministérielles sont parfois plus théoriques qu’effectives. La création du nouveau poste de Secrétaire général ministériel dans tous les ministères (voir ci-après) devrait se traduire par des améliorations sensibles à cet égard.

  • amélioration de la coordination centrale : l’organisation en départements est le résultat de la spécialisation et de la différenciation fonctionnelles-institutionnelles, qui sont une caractéristique universelle des administrations ministérielles modernes. Si le gouvernement roumain compte dix-neuf ministères et un certain nombre d’organismes centraux spécialisés (voir ci-après), il n’est pas, comparativement parlant, excessivement morcelé. Toutefois, le centre du gouvernement ne dispose pas, à l’heure actuelle, de capacités suffisantes en matière de coordination pour compenser les effets de l’organisation en départements et promouvoir une approche intégrée de l’élaboration des politiques. C’est ainsi qu’il n’existe pas, à ce jour, de véritable réseau de commissions interministérielles permanentes propre à encourager des discussions sectorielles et non centrées sur les départements. De même, l’évaluation des propositions d’action à la direction du Secrétariat général chargée de l’analyse et du conseil juridique est strictement organisée par départements. Le gouvernement est donc résolu à renforcer les institutions centrales, et notamment le Secrétariat général. Il est ainsi énoncé dans le programme gouvernemental de gestion publique pour 1997-2000 que le Secrétariat général doit être davantage qu’un simple bureau du Cabinet et qu’il doit être plus présent dans les activités de l’ensemble des organes de l’administration centrale.

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Adoption et enregistrement des décisions

Selon la loi sur l’organisation et le fonctionnement du gouvernement roumain, les décisions gouvernementales sont prises à la majorité simple. Le Premier ministre possède un droit de veto absolu. Dans la pratique, on a toutefois tendance à éviter de procéder à un vote et les décisions sont prises par consensus.

Les discussions et les décisions du Cabinet sont enregistrées par des agents de la direction de l’analyse et du conseil juridique. Sur la base de ce procès-verbal, la direction du secrétariat général chargée des attestations établit un compte rendu de décision pour chaque point à l’ordre du jour des travaux du gouvernement en étroite collaboration avec la direction de l’analyse et du conseil juridique. Cette dernière est chargée d’examiner toutes les décisions gouvernementales, notamment pour faire en sorte que toutes les modifications des propositions législatives qui ont été adoptées durant les délibérations du gouvernement, soient formulées comme il convient. Les comptes rendus de décision sont communiqués par le Secrétaire général au Premier ministre, aux ministres concernés et, le cas échéant, au Président et au Parlement. En règle générale, ils donnent la teneur de la décision prise, identifient le(s) ministre(s) concerné(s) et, le cas échéant, précisent les délais de mise en oeuvre et les obligations en matière de notification.


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Mise en oeuvre des décisions

La responsabilité de la mise en oeuvre en temps voulu des décisions gouvernementales incombe au premier chef aux différents ministères. De plus, la direction chargée des attestations gère un système informatique conçu pour suivre la mise en oeuvre des décisions gouvernementales. Lorsque les ministères omettent de fournir à temps des rapports d’activité ou de mettre en oeuvre des décisions dans les délais fixés par le gouvernement, la direction considérée s’occupe de la question.

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Organes subsidiaires de conseil des ministres

Institutions au Centre du gouvernement

De nombreuses institutions centrales sont à la disposition du gouvernement pour l’assister dans ses travaux. Au terme de plusieurs réorganisations intervenues ces dernières années, les institutions centrales sont les suivantes :

  • Le Secrétariat général du gouvernement et le Département des administrations publiques locales (dirigé par un Secrétaire d’État relevant directement du Premier ministre) ;

  • Le Conseil pour la réforme (dirigé par un ministre) ;

  • Le Département des relations avec le Parlement (dirigé par un ministre) ;

  • Le Conseil pour l’intégration européenne (dirigé par un ministre attaché au Premier ministre) ;

  • Le Département de l’information ;

  • Le Département de la protection des minorités nationales (dirigé par un ministre délégué auprès du Premier ministre) ;

  • Le Département des relations avec les syndicats et les organisations patronales (relevant du Département de l’information) ;

  • Le Département de la protection des droits de l’enfance (dirigé par un Secrétaire d’État) ;

  • Le Département du contrôle (dirigé par un Secrétaire d’État) ;

  • L’Agence nationale pour le Contrôle des exportations stratégiques (dirigé par un président ayant rang de Secrétaire d’État) ;

  • Le Bureau du porte-parole du gouvernement chargé des relations avec la presse (relevant du Département de l’information) ;

  • La Chancellerie du Premier ministre qui se compose d’un groupe de conseillers et d’experts, d’une direction spéciale et du cabinet du Premier ministre ;

  • Le personnel de soutien des ministres d’État de la justice et de la défense.

L’organisation du centre du gouvernement n’obéit pas à un principe unique : certaines institutions, comme le Conseil pour l’intégration européenne, ont des attributions à caractère horizontal tandis que d’autres comme l’Agence nationale pour le contrôle des exportations stratégiques s’occupent de questions très spécifiques. Certaines, comme le Conseil pour réforme, se composent de plusieurs départements ; d’autres sont essentiellement des organismes unitaires. S’agissant de la préparation de l’ordre du jour des réunions gouvernementales, le Secrétariat général joue un rôle particulièrement important. Il comprend deux grandes unités dirigées l’une et l’autre par un Secrétaire général adjoint :

  • l’une traite des questions juridiques et économiques ;

  • l’autre s’occupe des questions administratives et des relations avec les Secrétaires généraux dans les ministères.

Le département des administrations publiques locales relève directement du Premier ministre.

Si le nombre d’institutions situées au centre du gouvernement est relativement élevé, leur capacité d’assurer la coordination à l’échelon central ne doit pas être surestimée. Premièrement, il existe un risque de morcellement au centre. La prolifération d’organismes centraux fait qu’il est parfois difficile d’établir un clair partage des responsabilités entre les institutions centrales et entre ces dernières et les ministères d’exécution. Dans un centre surabondant en institutions, la coordination peut s’avérer difficile à assurer. A cet égard, la division du travail entre d’une part, le Secrétariat général du gouvernement et d’autre part, la multitude d’organismes spécialisés dont les responsables ne sont pas subordonnés au Secrétaire général du gouvernement, est une question particulièrement délicate.

Par ailleurs, des préoccupations ont été exprimées au sujet de la pratique consistant à confier à des ministres la responsabilité d’organismes centraux. Dirigés par des ministres et non par des administrateurs de haut rang, les organismes centraux peuvent facilement revêtir le caractère de petits ministères. C’est ainsi qu’au lieu d’assurer la coordination dans un secteur d’action donné, ils tendent à faire contrepoids aux ministères d’exécution. Cette tendance est renforcée lorsqu’un gouvernement de coalition st en place, dans la mesure où les tensions existant par nature entre les ministères d’exécution et les institutions centrales dont les attributions recoupent plusieurs départements peuvent être aggravées par des conflits entre partis. Il convient aussi de noter à ce sujet qu’à l’exception partielle du Secrétariat général et du Conseil pour la réforme, les organismes centraux sont largement dépourvus des compétences formelles nécessaires pour faire office d’agents de coordination inter-départements. En particulier, ils ne servent pas à filtrer efficacement les propositions des ministères d’exécution qui sont soumises au gouvernement par l’intermédiaire du Secrétaire général.

Dans les institutions se trouvant au centre du gouvernement, les fonctions de soutien principalement administratif, l’aide non partisane à la formulation des politiques et les fonctions de conseil et de soutien politique ne sont pas, à l’heure actuelle, distinguées avec suffisamment de clarté. Il ne s’agit pas essentiellement d’un problème d’organisation, mais cela reflète l’état actuel de la législation relative à la fonction publique qui n’établit pas de distinction claire entre les titulaires de postes politiques et les fonctionnaires de carrière neutres à l’égard des partis politiques. On notera à cet égard que le projet de loi sur le Statut des fonctionnaires, qui a pour objet de créer une fonction publique où l’on puisse faire carrière et qui soit neutre à l’égard des partis politiques, a été présenté au Parlement.

Les capacités de coordination du centre ne sauraient, à l’évidence, être appréhendées en dehors du cadre institutionnel. Dans ce contexte, deux questions au moins méritent d’être brièvement évoquées, à savoir les relations entre le centre et les ministères d’exécution, et les liens existant entre les services décentralisés et les autorités de l’administration centrale. En ce qui concerne la première question, l’initiative prise par le gouvernement de nommer dans tous les ministères des Secrétaires généraux non affiliés à un parti représente une étape importante. Le décret du gouvernement concernant la nomination des Secrétaires généraux au sein des ministères a été adopté en janvier 1998. Le Secrétaire général ministériel est le fonctionnaire le plus haut placé du ministère et il assume le rôle de responsable administratif ; de ce point de vue, sa position est comparable à celle d’un "permanent secretary" britannique ou d’un "Staatssekretär" allemand. La création de ce nouveau poste s’explique principalement par la volonté du gouvernement d’améliorer la communication et la coordination tant intraministérielles qu’interministérielles. Ainsi, le Secrétaire général ministériel sert de principal intermédiaire entre les services d’exécution ministériels et la direction politique du ministère, à savoir le ministre, les Secrétaires d’État (vice-ministres) et leurs directeurs. Fait tout aussi important, les Secrétaires généraux forment un réseau au centre duquel se trouve le Secrétaire général du gouvernement. Des réunions hebdomadaires de tous les Secrétaires généraux ministériels, présidées par le vice-Secrétaire général du gouvernement, sont ainsi prévues. Ces réunions devraient, entre autres, jouer un rôle essentiel dans la préparation des réunions gouvernementales.

Les capacités de coordination du Centre sont aussi largement influencées par les relations existant entre les unités (territoriales) décentralisées de l’administration publique et les autorités centrales. Là encore, le centre du gouvernement pourrait, à première vue, sembler très bien placé pour exercer avec fermeté un rôle de coordination. Les préfets de comté (et le préfet de la municipalité de Bucarest) relèvent directement du département des administrations publiques locales qui est lui-même placé sous l’autorité directe du Premier ministre. En application des articles 108 et 109 de la loi sur les administrations publiques locales de novembre 1991 (ultérieure modifiée), le préfet, en sa qualité de représentant du gouvernement, s’assure que les conseils locaux et de comté ainsi que les maires exercent leur activité dans le respect de la loi et supervise les services publics décentralisés des ministères et des autres organismes centraux des unités territoriales (voir également article 122 de la Constitution roumaine).

Si la subordination des préfets au département central des administrations publiques locales laisse à penser que le centre joue un rôle important dans l’administration territoriale, ses pouvoir de coordination réels vis-à-vis des autorités infranationales sont strictement limités. Cela vaut en premier lieu pour les administrations locales (autorités locales et de comté). Les administrations locales ne sont pas expressément subordonnées au préfet [article 108(2)] dont les fonctions sont essentiellement limitées au contrôle de la légalité des actes des conseils locaux, des conseils de comté et des maires. Fait plus important, le préfet ne semble pas se trouver dans une position forte par rapport aux services décentralisés de l’administration publique. En particulier, la fonction de préfet ne correspond pas véritablement à un niveau général d’administration publique décentralisée qui intégrerait plusieurs sinon la plupart des services publics décentralisés. Au lieu de cela, ces services existent indépendamment les uns des autres, avec leurs propres responsables, lesquels rendent directement compte à leurs ministères respectifs. En conséquence, la capacité du préfet d’agir non seulement en tant que représentant du gouvernement mais aussi comme organe de liaison entre le centre et les administrations locales, est limitée.

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Conclusions

Les observations ci-dessus mettent en évidence un élément incontestable mais néanmoins important : l’organisation et le fonctionnement du centre du gouvernement doivent être appréhendés dans l’environnement institutionnel et politique existant. S’agissant de l’environnement institutionnel, les relations entre le centre, les ministères d’exécution et les services publics décentralisés revêtent, à l’évidence, une importance fondamentale ; mais d’autres institutions, notamment la Présidence et les deux Chambres du Parlement sont tout aussi importantes. Il en est de même pour les conditions politiques dans lesquelles le centre du gouvernement opère. Il n’y a pas lieu d’examiner ici ce point en détail. Il suffit de noter que l’actuel gouvernement est constitué à la manière de ce qu’on pourrait appeler une "coalition de coalitions", c’est-à-dire un gouvernement de coalition formé de la Convention démocrate pluripartite de Roumanie, de l’Union social-démocrate (composée du Parti démocrate et du Parti socialiste démocrate roumain) et de l’Alliance démocrate hongroise de Roumanie, parti de la minorité hongroise. Il va sans dire qu’étant donné la complexité du gouvernement de coalition en place dont les membres couvrent un très large spectre idéologique, les compétences du centre en matière de gestion politico-administrative se heurtent à des problèmes particuliers. A ces problèmes s’ajoutent les difficultés inhérentes à la mise en place de procédures courantes fiables. L’organisation administrative dépend en partie de la définition autorisée de structures et de procédures officielles pour pouvoir être efficace ; mais l’organisation formelle doit être complétée par des procédures informelles t par des réseaux personnels interinstitutionnels sûrs pour pouvoir être souple. En d’autres termes, le renforcement des institutions au centre du gouvernement ne requiert pas simplement une définition claire es principes régissant l’organisation et la structure du personnel, des pouvoirs, des compétences et des ressources. Il suppose tout autant la mise au point progressive de procédures informelles et de réseaux stables tant au sein de l’administration centrale que dans son environnement institutionnel.